Champion d’Europe (2009) et du monde (2010) de kickboxing, vice-champion du monde de thai-boxing (2008)... David Radeff n’en finit plus de collectionner les titres. Pourtant, il est peu connu en France et dans la région. La faute à un cruel manque de médiatisation.
Gymnase du Monceau à Valdoie. Un peu avant 20 h, un gaillard, 1m81, 91 kg, sac de sport à la main, arrive sur le parking. Entre deux combats et voyages, nous avons réussi à rencontrer David Radeff, 30 ans, boxeur professionnel belfortain. Il donne des cours bénévoles ici quasiment toutes les semaines. Russie, République tchèque, Roumanie, Bulgarie, Floride, Italie, Angleterre, Pays de Galles, la liste des pays où le surnommé «The Red Griffin» est allé boxer est longue. Il se prépare d’ailleurs à effectuer un stage de kickboxing à Los Angeles, et revient tout juste de Thaïlande. Il a participé au grand prix «Quest for honor», une émission télé aux allures de télé-réalité, axée sur le kickboxing (95 kilos). «Le concept est connu dans le monde entier et j’ai été choisi pour faire partie des 16 meilleurs mondiaux» se réjouit David. Représentant la France, ce fut pour lui une «bonne expérience», l’occasion de se «confronter à des pointures». Equipes, caméras, affrontements, éliminations directes, charmantes coaches, 30 000 dollars de prix pour le vainqueur... Tiens-donc. «Ce n’est pas de la télé-réalité, se défend David, l’émission, réalisée par des organisateurs de boxe a plutôt pour but, de médiatiser la discipline. Nous n’étions filmés qu’une heure par jour pendant l’entraînement, et un quart d’heure en interview. Mais imaginez 16 boxeurs ensemble... Ca a donné lieu quand même à quelques bonnes engueulades». Tourné en anglais, «Quest for honor» sera diffusé pendant l’été un peu partout dans le monde. Quelques «petites chaînes» françaises devraient normalement acheter et diffuser le programme.
Un combat quotidien
Si la discipline passionne les foules dans certains pays -notamment aux Pays-Bas, le fief du kickboxing-, c’est bien loin d’être le cas dans l’Hexagone. Celui qui a commencé en boxe française à l’ASPTT de Belfort en est bien conscient. «L’autre jour, raconte-t-il, une dame me disait encore : «C’est bizarre, vous êtes champion et je ne vous connais pas». Je lui ai demandé : «Mais qui connaissez-vous en boxeur ?». Elle a répondu : «Mohamed Ali»». Ce sport n’est pas assez médiatisé et «en France, tout est interdit, c’est difficile d’obtenir des autorisations pour organiser des matchs, il faudrait que les fédérations se mettent d’accord, qu’il y ait des personnes fiables». Souvent aussi, les sports de combat sont assimilés à de la violence. à tort selon le champion – qui a quand même quelques «blessures de guerre» à montrer – : «les gens ont des idées arrêtées sur les sports de combat. Ce n’est pas parce qu’il y a des affrontements et des duels que c’est un sport de bourrins. Des personnes de tous les âges viennent boxer en entraînement, des femmes aussi pour se maintenir en forme, se donner confiance. Ce sont des sports qui méritent d’être davantage connus. L’abnégation, le courage, l’honneur, on oublie souvent les valeurs qu’ils véhiculent. Les gens qui combattent sont respectueux et le font dans les règles. Quand je combats, je n’insulte et ne mords personne». Il s’attelle donc aujourd’hui à transmettre son savoir et son amour de la discipline. Ancien éducateur sportif, il boxe en professionnel depuis quelques années. «Mais boxer en A (en professionnel) ne veut pas dire forcément en vivre», souligne-t-il. «Trouver des sponsors, des aides, des partenariats, c’est du boulot et une perte de temps et d’énergie». Même dans ce monde-là, gagner sa vie est un combat.
Texte et photo Simon Daval
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