On peut s’en étonner, certaines entreprises ont actuellement du mal à recruter. Gresset et Associés, à Nods (25) est de celles-là. «On n’arrive pas à trouver des régleurs sur machine à commande numérique déclare Christian Mary, le chef d’entreprise. Si j’en trouvais, j’en prendrais deux tout de suite».
Gresset est une société de sous-traitance en mécanique de précision, travaillant en quasi-totalité pour l’aéronautique. Née en 1969, elle a connu une croissance et un développement rapides sous l’impulsion d’André et Roland Gresset avant d’être reprise cette année par Christian Mary. Jusqu’à présent ingénieur, il s’était fixé le projet de reprendre une entreprise. Aidé par la CCI, il a choisi Gresset et Associés sur des critères de valeurs (qualité, respect des délais, convivialité) et de solidité : «le positionnement de l’entreprise sur un secteur porteur de l’industrie française actuelle, une équipe d’encadrement très qualifiée, des bons résultats». Une entreprise solide qui a atteint son record historique cette année. «L’année 2009 a été compliquée, mais depuis 2010, il y a une croissance continue, accompagnée de l’embauche de 7 personnes». Christian Mary veut consolider ces acquis mais aussi diversifier le portefeuille de clients et les secteurs d’activité. Mais pour cela, l’entreprise de 45 salariés doit encore embaucher. «Il n’y a pas assez de jeunes qui s’orientent vers l’industrie. Pour compenser, on doit recruter à des qualifications inférieures pour former en interne. Mais c’est long et coûteux». Deux explications selon lui : l’image toujours négative de l’industrie et, à un degré moindre, la présence attractive de la Suisse. «L’image ne correspond plus à la réalité dans de nombreuses entreprises. Il y a une technicité aux métiers de la productique. Nos opérateurs ont des outils complexes, de l’informatique et avec l’expérience acquièrent une valeur sur le marché du travail».
Les établissements Gresset ne sont pas une exception. Cette année comme l’an dernier, le CFA de l’industrie a entamé le mois de septembre avec 450 offres d’apprentissage non pourvues. En tête des métiers en tension dans son secteur, la productique (1). «Il y a des plans sociaux dans l’industrie, c’est vrai reconnaît Philippe Labouche, directeur du CFAI. Mais toutes les entreprises ne sont pas en difficulté, loin de là. Si l’on y ajoute les départs en retraite des générations du baby-boom, il y a des perspectives. Surtout pour ceux qui ont des compétences techniques». Le directeur fait la même analyse que Christian Mary. «Les jeunes, les parents et les enseignants ont majoritairement une mauvaise image de l’industrie. Même chose pour l’apprentissage : l’idée que les bons élèves n’y vont pas est encore présente. Les changements de mentalité sont longs à venir». Pour rappel, il énumère : «en productique, après un bac pro, on peut aller en BTS et même jusqu’à un diplôme d’ingénieur. Le travail à la sortie est garanti. Pendant l’apprentissage, on est rémunéré, on apprend du concret, on valide des compétences. On est déjà en contrat dans une entreprise ce qui donne une adaptabilité immédiate».
S.P.
(1) La productique rassemble les techniques informatiques de mise en œuvre des systèmes de production automatisés.
Formation CFAI
• A Besançon, 8 avenue des Montboucons (03 81 41 39 83)
• A Exincourt, 5 rue du Château (03 81 32 67 32)
• A Dole, 5 rue Bougauld (03 84 82 91 70)
• A Gevingey, 23 route de Lons (03 84 86 83 60)
• A Vesoul, espace La Motte (03 84 76 65 73)
• A Belfort, rue Georges Besse (03 84 58 47 47)
Salaires
Avec un bac pro, un opérateur sur commande à machine numérique débute à un salaire minimal brut de 1700 euros. Avec un BTS, en tant que responsable d’atelier, d’ordonnancement ou de production industrielle, c’est autour de 2000 euros.
